(Québec) Le grand chef de Wendake, Rémy Vincent, dénonce le « manque de respect flagrant » de Québec solidaire, qui a procédé à une annonce en territoire huron-wendat sur les langues autochtones, vendredi. Il affirme que la formation n’avait pas averti la nation au préalable. La co-porte-parole, Manon Massé, lui a offert ses excuses.

Les co-porte-parole de Québec solidaire, Manon Massé et Gabriel Nadeau-Dubois, étaient de passage dans une librairie de Wendake, vendredi matin, pour proposer la création d’une loi sur les langues autochtones qui serait élaborée entre le gouvernement québécois et les 11 nations autochtones.

Mais voilà que, quelques minutes après l’annonce, le grand chef de Wendake, Rémy Vincent, a écorché Québec solidaire dans une publication sur Facebook.

« Québec solidaire a procédé à une annonce à Wendake ce matin sans avertir la Nation huronne-wendat, un manque de respect flagrant. La Nation huronne-wendat tient à mentionner que le Conseil national autochtone [de Québec solidaire] et les positions exprimées par celui-ci au nom de Québec solidaire ne peuvent en aucun cas constituer une consultation », écrit le chef Vincent.

« Seules les communautés ou les nations ont l’autorité de se prononcer sur nos langues et de façon encore plus globale sur toutes questions relatives à nos cultures », a-t-il notamment ajouté.

Dans une réponse sur Twitter, Mme Massé a expliqué que « son bureau avait échangé jeudi avec le Conseil de la Nation huronne-wendat » au sujet de sa visite dans la communauté. « J’aurais dû le faire avant et je m’en excuse auprès du Grand Chef Vincent », a-t-elle écrit.

Elle a aussi indiqué avoir des discussions depuis le printemps avec différents acteurs et organisations autochtones. « C’est pourquoi la proposition qu’on a faite [vendredi] exige que le gouvernement du Québec s’assoie rapidement avec les représentants des nations pour protéger et promouvoir les langues autochtones. C’est le cœur de notre démarche », a-t-elle ajouté.

Propositions pour les langues autochtones

Alors que les consultations sur la réforme de la loi 101 ont pris fin jeudi, Québec solidaire a proposé vendredi l’élaboration d’une loi distincte pour protéger les langues autochtones au Québec. La formation politique réclame un statut particulier pour ces langues, dont la survie est menacée.

La formation propose la création d’une « Maison des langues autochtones » qui serait l’équivalent de l’Office québécois de la langue française. « Donner un statut particulier aux langues autochtones n’enlève rien à la seule langue officielle du Québec : le français », a affirmé Mme Massé en conférence de presse.

La loi, telle que proposée par Québec solidaire, reconnaîtrait un statut particulier aux langues autochtones et établirait les droits linguistiques des Premières Nations dans les services publics québécois, par exemple sur le plan de l’affichage dans les palais de justice et des traducteurs dans les hôpitaux. Ces dernières propositions font partie des « appels à l’action » de la commission Viens.

Le ministre responsable des Affaires autochtones, Ian Lafrenière, s’est dit « surpris », mais « heureux » de la proposition de Québec solidaire. Il a promis de travailler « pour le bien-être des Autochtones, la protection et la valorisation des langues et des cultures ».

Québec a déjà fait savoir qu’il n’avait pas l’intention de profiter de son projet de loi 96 sur la protection de la langue française pour donner un statut particulier aux langues autochtones.